MES LIVRES/MY BOOKS

Mes deux premiers livres étant épuisés, j’ai choisi de ne pas les mentionner dans cette liste.

HUBERT DE GIVENCHY (Grasset, 2000)

Hubert de Givenchy“Écrire ce livre a été à la fois un délice et un cauchemar. Un délice car j’ai enquêté des mois durant dans les archives privées de la maison Givenchy, interrogeant des dizaines de témoins mais aussi Hubert lui-même. J’ai pu recueillir une documentation passionnante et je crois vraiment que le texte original rendait justice à la vie complexe de cette homme à la fois singulier et multiple. Malheureusement sa publication a viré au cauchemar car Givenchy m’a demandé de couper plusieurs dizaines de pages et je n’avais pas le choix, étant lié par contrat. Le résultat- Saint Hubert, sa vie, son œuvre- est très éloigné de la première version et pourtant, ce livre a ses admirateurs. J’ai été surpris de lire dans le Figaro que le texte était aussi spirituel qu’un film de Billy Wilder, l’un de mes cinéastes préférés. Par la suite, je me suis promis de ne plus jamais consacrer de biographie à une personnalité vivante. »


LES ANGES DU BIZARRE (Grasset, 2001)

Les anges du bizarres « Manuel Carcassonne, mon éditeur chez Grasset, m'a donné carte blanche et je lui en suis infiniment reconnaissant. Le thème me passionne depuis toujours et je dois bien avouer que je collectionne les excentriques dans la vie, ainsi que l'illustre mon entourage. Il a été traduit en grec et en italien. »


 

BOUTONS DE MANCHETTES (Assouline, 2002)

boutons de manchette« Ce livre est une commande. L’éditrice Martine Assouline et Bertrand Pizzin, libraire chez Galignani, m’ont proposé d’écrire une histoire du bouton de manchette que je vois comme un petit essai sur le dandysme, et ce court texte est sorti à la fois en français et en anglais. »



KAREN BLIXEN UNE ODYSSÉE AFRICAINE (Payot, 2004 ; rééd. « Petite Bibliothèque de Poche », 2005 et 2018)

Karen Blixen« Karen Blixen a toujours été un écrivain cher à mon cœur et j’ai décidé de lui consacrer non pas une biographie traditionnelle- que peut-on écrire sur elle après l’admirable portrait de Judith Thurman ?- mais un livre explorant ses années africaines, qui expliquent tout de son destin littéraire. La période africaine fait toujours l’objet de quelques chapitres dans un ouvrage plus général et pour la première fois, un volume entier était dédié à cette période cruciale. Le livre a reçu le Grand Prix Littéraire de l’Héroïne et de nombreux articles accompagnèrent sa sortie. Il a aussi été traduit en polonais et est aujourd’hui disponible en édition de poche. Mais rien ne m’a plus touché que la réaction de Jessie Westenholz, propre nièce de Karen Blixen. Elle m’a contacté pour me dire qu’elle n’avait jamais rien lu de plus original et personnel sur sa tante. »


FÉROCEMENT VÔTRE JOURNAL D’UNE LECTURE DES MÉMOIRES DE SAINT-SIMON (Ramsay, 2005)

férocement vôtre« Ce livre occupe une place à part dans ma bibliographie. En effet, j’ai appris, à la mort de ma meilleure amie, qu’elle me léguait son édition complète des Mémoires de Saint-Simon (Delloye 1840-1841, 38 tomes). J’ai aussitôt décidé de me lancer à l’assaut de ces trente mille pages et de tenir un journal de cette lecture. L’éditrice Laurence Decréau fut la première à m’encourager et je l’en remercie. »



NATHALIE PALEY, PRINCESSE EN EXIL (Bartillat, 2005; rééd. 2015 et 2021)

natalie paley« Ce livre a été publié pour la première fois en 1996 sous une forme très insatisfaisante et je remercie vraiment Constance de Bartillat et Charles Ficat de m’avoir proposé de le ressortir dans une version revue et augmentée. Natalie Paley a irrité autant qu’elle a fasciné mais le personnage m’émeut toujours profondément, après tant d’années. » Le livre a été traduit en russe.



PETIT DICTIONNAIRE DU SNOBISME CONTEMPORAIN (Payot, 2006)

Petit Dictionnaire du Snobisme Contemporain« On m’a souvent reproché de ne pas m’intéresser assez à mes contemporains dans mes livres, j’ai donc décidé, encouragé par mon éditeur Mario Pasa, d’écrire ce vade-mecum du snobisme. Il s’agit aussi d’un clin d’œil à William Thackeray, Nancy Mitford et Philippe Jullian, trois écrivains que j’adore. Ils ont eux-aussi exploré ce thème inépuisable. »



MADELEINE CASTAING (Payot 2008 ; rééd. “Petite Bibliothèque de Poche”, 2009 et 2021)

Madeleine Castaing« L’éditrice Françoise Samson et Frédéric Castaing, petit-fils de Madeleine, sont à l’origine de ce projet. Il m’ont demandé de consacrer un livre à ce personnage d’une étrangeté et d’un comique absolus et je suis heureux d’avoir accepté leur offre. A sa sortie, Pierre Passebon a organisé une soirée-signature extraordinaire dans sa Galerie du Passage, transformée pour l’occasion en décor Castaing. »


LA JAVANAISE (Robert Laffont, 2011)

Les anges du bizarres« Dans L'Art du portrait, Pietro Citati explique que les biographes doivent connaître "toutes les traditions historiques, les souvenirs laissés par les contemporains, les lettres, les journaux intimes, les observations et les commentaires inspirés par celui qu'ils entendent représenter" - celle, en l'occurence. Je me suis efforcé de suivre à la lettre ce modus operandi pour ce portrait de Toto Koopman. J'ai interviewé de nombreux témoins, lu, fait des recherches et enquêté sur tous les aspects de sa vie. J'ai engrangé, disséqué et essayé de comprendre le personnage de l'intérieur. Cette traque entre la France, l'Angleterre, l'Italie, l'Autriche et la Hollande m'a passionné à chaque instant. J'ai été à la fois entomologiste, détective privé, psychanalyste et orpailleur. Toto Koopman a occupé mes pensées jour et nuit pendant plus de deux ans. Joan Didion affirme qu'il faut dormir dans la même pièce que le livre que l'on est en train d'écrire et j'ai compris intimement ce sentiment en rédigeant La Javanaise. Je remercie chaleureusement Nicole Lattès, Malcy Ozannat et Leonello Brandolini, qui m'ont permis de travailler dans des conditions extrêmement stimulantes.»
Le livre a été traduit en anglais sous le titre The Many Lives of Miss K. (Rizzoli, collection Ex Libris), mais aussi en néerlandais.


BOMBAY BLUES (Amazon, Achat Kindle, 2012)

Bombay Blues« Tel Tintin au Pays des Vaches Sacrées, j’ai visité le sud de l’Inde, de Bombay à Bangalore, en passant par Goa. Avec la même curiosité, j’ai fait la connaissance d’une vieille dame parsie qui parodiait Marilyn Monroe, pris le thé en compagnie du fantôme d’une romancière disparue et séjourné dans une ferme construite comme un Mandala tantrique. J’ai rencontré des eunuques et des clochards plus ou moins célestes, contemplé le rose pollué des couchers de soleil indiens et assisté aux célébrations de l’anniversaire de Ganesh, le dieu éléphant, tout en m’interrogeant sur la condition féminine, l’art, l’écologie, le trafic d’organes, les ashrams, la technologie ou Bollywood. »


ÉLOGE DES GARCES (Payot, 2013)

Bombay Blues« Ce livre est intimement lié au souvenir de Marie-Claire Pauwels, pour qui j’ai eu la joie de travailler. Un jour, elle m’a proposé d’analyser la fascination exercée par les garces pour son magazine FEMMES et l’idée m’a enchanté. Elle venait de voir Whatever Works de Woody Allen et avait été intriguée par une question posée par le cinéaste : Pourquoi préférons-nous Scarlett à Mélanie dans Autant en emporte le vent ?  « Je vous charge de répondre à cette question ! » L’article, intitulé Eloge de la Garce, a été publié dans le numéro de Noël (décembre 2009-janvier 2010) et sa parution a provoqué bien des réactions au sein de la rédaction et de l’entourage de Marie-Claire. Très amusée par l’ambiguïté suscitée par ces pages, elle m’a alors conseillé de consacrer un livre au sujet. Son enthousiasme et ses conseils m’ont été précieux. Je m’étais promis de lui remettre le premier exemplaire du livre mais Marie-Claire est décédée en mai 2011. »


ELSA TRIOLET & LILI BRIK LES SŒURS INSOUMISES (Robert Laffont, 2015)

Elsa Triolet & Lili Brik

« L’idée d’écrire ce livre m’est venue en août 2011 à Lectoure dans le Gers, à la terrasse du Cochon Bleu - tout à la fois librairie, restaurant et galerie d’art - lors d’une conversation avec mon amie Martine Franck. Cette dernière et son époux, Henri Cartier-Bresson, ont chacun à leur tour photographié Lili Brik en U.R.S.S. et à Paris, deux ans avant son suicide, et les impressions de Martine sur la complexité du personnage m’ont immédiatement donné envie d’en savoir plus. Il se trouve que les sœurs Kagan m’intriguaient depuis longtemps, ainsi que je le précisais dans Férocement Vôtre en 2005, et j’ai pensé que le moment était venu de leur consacrer un portrait croisé. Le projet a été immédiatement accepté par mon éditrice, Malcy Ozannat, que je remercie infiniment pour son soutien et son enthousiasme. » Finaliste du Goncourt de la Biographie 2015 et lauréat du prix de la biographie de l'Académie française. Le livre a été traduit en espagnol, en chinois, en ukrainien et en russe.


ELLE, EDMONDE (Allary Editions, 2017)

Elle, Edmonde

« Lorsque j’avais 15 ans, ma mère m’a conseillé de lire L’Irrégulière, une vie de Coco Chanel racontée par Edmonde Charles-Roux et ce texte a changé ma vie puisque c’est alors que j’ai décidé de devenir biographe. Edmonde et Stefan Zweig ont été en quelque sorte mes parents littéraires. Au fil du temps, Edmonde, que je ne connaissais pas encore personnellement, a consacré de beaux articles à plusieurs de mes livres et, comme chacun sait, ses verdicts étaient redoutés ; elle n’était pas facilement enthousiaste et cela m’a beaucoup encouragé. Enfin en 2008, j’ai passé un après-midi entier chez elle, nous avons discuté pendant plus de quatre heures et j’ai été conquis par son intelligence et sa singularité. De mon côté, j’ai enquêté sur elle, calmement et méthodiquement, pendant une vingtaine d’années, j’étais donc prêt à me lancer à sa mort, en janvier 2016. Le fait d’être aujourd’hui, 35 ans après avoir découvert son travail, le premier à lui consacrer un portrait est pour moi un beau symbole. Il s’agit d’un Exercice d’Admiration, au sens où l’entendait Cioran, mais nullement d’un exercice de cécité car je n’ai pas négligé les contradictions et les aspérités du personnage. Dans sa chronique du J.D.D., Bernard Pivot écrit d’ailleurs qu’il me « sent parfois un peu perplexe devant ses choix » (8 janvier 2017), ce qui est très vrai même si elle est une héroïne pour moi. Je remercie affectueusement mon éditrice, Malcy Ozannat, ainsi que Nicole Lattès et Guillaume Allary pour leur soutien immédiat et indéfectible. »


NANCY MITFORD LA DAME DE LA RUE MONSIEUR (Allary Editions, 2019)

Nancy Mitford, la dame de la rue Monsieur

« A l’adolescence, j’étais la mascotte d’un groupe d’amis indiens qui avaient l’âge de mes parents. Je leur dois la découverte des films Bengali, des pièces mises en scène par Ariane Mnouchkine et Peter Brook, des ballets de Maurice Béjart et de Pina Bausch et, surtout, des livres de Nancy Mitford. J’avais une quinzaine d’années quand deux d’entre eux, Tania Mendoza et Danesh Bharucha, m’ont affirmé que ses ouvrages, romans et biographies, m’étaient destinés. Ce conseil a changé ma vie et Nancy est devenue l’une de mes passions. Sa prose et son esprit m’ont guéri de toutes les peines, de tous les affronts et aucun autre auteur ne m’a rendu plus heureux, Stendhal excepté. Plus tard, ses sœurs sont devenues mes amies et j’ai eu le bonheur de séjourner plusieurs fois à Chatsworth, le Versailles anglais dont on dit qu’il aurait inspiré Pemberley à Jane Austen dans Orgueil et Préjugés. Aujourd’hui, La Dame de la rue Monsieur me permet de remercier mes complices indiens pour leur affection et leur perspicacité. Et une fois encore, j’exprime toute ma gratitude à ma Allary Dream Team. »


LES SAUTES D’HUMOUR DE MONSIEUR DE SAINT-SIMON (Payot, 2019)

LES SAUTES D’HUMOUR DE MONSIEUR DE SAINT-SIMON

« ‘Pourquoi ne consacrerais-tu pas une petite anthologie à l’humour de Saint-Simon ?’, m’a demandé Mario Pasa, mon éditeur chez Payot. J’ai accepté immédiatement sa proposition et relu avec bonheur pour la deuxième fois (je n’écris pas seconde) les quarante volumes des Mémoires du Petit Duc afin d’offrir à mes lecteurs des portraits généreusement poivrés et un florilège de formules assassines concoctés par ce teigneux si spirituel. Personne n’est épargné, et les têtes de toutes les grandes figures de l’époque tombent à chaque page, qu’il s’agisse de Monsieur (frère du roi), de Fénelon, du médecin Fagon, de l’abbé Dubois ou de madame de Maintenon, ennemie jurée de Saint-Simon. Et l’on ne peut s’empêcher de rire. »


ANDY WARHOL LE RENARD BLANC (Allary, 2021)

ANDY WARHOL LE RENARD BLANC

« En janvier 1987, j’ai croisé Andy Warhol à Beaubourg. J’étais en khâgne, j’avais 20 ans depuis deux mois et, dès cet instant, j’ai commencé à m’intéresser à lui, au point de lui consacrer mon mémoire de maîtrise en 1990 (La Factory Argentée 1964-1967). Après la publication de mon premier livre, plusieurs éditeurs me proposèrent de le transformer en essai ou biographie, mais j’ai résisté à la tentation car l’ensemble me semblait trop sec, trop lié à mes seules lectures en bibliothèques. Il manquait la chair, le supplément d’âme, les conversations avec ses proches, une véritable investigation. Commencée au début des années 90, cette dernière s’est achevée en 2020. Bien des éclairages présents dans ces pages, et obtenus grâce à des dizaines d’heures d’entretiens avec ses intimes n’apparaissent dans aucune des nombreuses biographies qui lui furent consacrées. Voici ma version des Très Riches Heures d’Andy Warhol. » Le livre a été traduit en espagnol.


La Princesse Insoumise (Allary, 2023)

La Princesse Insoumise

« J’ai été un adolescent indianisé et c’est grâce à mes amies indiennes que j’ai découvert, à 15 ou 16 ans, l’existence de Gayatri Devi (1919-2009), la maharani de Jaipur. Au fil du temps, je n’ai cessé de m’intéresser à elle, d’enquêter sur ce destin qui me fascinait. Au point de retrouver et d’interviewer certains de ses proches, qui s’expriment pour la première fois dans cette biographie. En 2007, j’ai sillonné l’Inde et discuté avec des femmes de toutes confessions - hindoues, musulmanes et parsies. À chaque fois, son nom revenait dans nos conversations, comme celui d’un être dont le comportement avait été une inspiration, un exemple à suivre et une source de respect et d’admiration. Elle avait offert à ses concitoyennes une nouvelle idée de la femme indienne contemporaine et toutes lui en étaient reconnaissantes. La maharani avait combattu sur bien des fronts, devenant également une militante ardente des droits des animaux, cause chère à mon cœur. À cette date, Gayatri Devi était encore en vie et une amie commune avait proposé de m’écrire une lettre d’introduction mais je n’ai pu faire alors sa connaissance et je le regretterai ma vie durant. « Si ce n’est pas mon lot de te rencontrer dans cette vie, que du moins jamais je ne perde le regret de ne point t’avoir vu », écrit Rabindranath Tagore dans L’Offrande Lyrique et ce livre en est la preuve, je n’ai jamais perdu ce regret. »